Mot clef – éruption phréatomagmatique

mardi 16 mai 2023

Le 9 décembre 2019, quelques groupes de touristes accompagnés de guides visitent le stratovolcan Whakaari (White Island ; sommet à 321-mètre) en Nouvelle-Zélande.  Ce volcan est particulièrement intéressant à découvrir car son activité se trouve presque au niveau de la mer, dans l’océan Pacifique à quelque 50 km de l’île du Nord en Nouvelle-Zélande.   En quelques centaines de mètres, les visiteurs découvrent des zones de fumerolles avec leurs couleurs caractéristiques : jaune, orangé, rouge.  Le dégazage y est intense également, un mélange de vapeur d’eau mêlée à des gaz volcaniques comme le SO2 ou le CO2.  Le cratère actuel possède un lac de cratère, acide, bleuté ou verdâtre selon les accumulations de gaz volcaniques dans ce lac.  Des boues volcaniques forment des marmites grisâtres à des températures dépassant facilement les 100°C.

Et puis l’éruption est arrivée : puissante, très puissante, haute en panache sur près de 4 km d’altitude, brûlante, déferlante. Ses nuées ardentes – véritables avalanches turbulentes volcaniques – sont sorties du lac de cratère et se sont dirigées vers les visiteurs encore présents. Elles furent plus rapides qu’eux, provoquant un nuage mortel qui les a rattrapés. 22 personnes furent tuées, beaucoup d’autres gravement brûlées sur la peau, dans les poumons, sur les 47 qui se trouvaient sur l’île au moment de l’éruption.

Ce type d’explosion provient de la rencontre entre un magma et des fluides comme de l’eau, qui ne font pas bon ménage.  Les fluides volcaniques présents à l’intérieur du volcan étaient sous forme de vapeur et donnaient une grande pression sous la surface du volcan. Ces gaz se seraient accumulés sans pouvoir sortir à la surface.  Une nouvelle arrivée de magma aurait alors augmenté encore davantage la pression interne, tout en fragilisant la structure du volcan : des fractures se seraient probablement formées. Une libération de cette vapeur, mélange d’eau et de gaz en vapeur aurait fait exploser le volcan au niveau du lac de cratère pour libérer cette surpression. Des fragments du volcan ont été emportés avec cette déferlante gazeuse puissante et brûlante.  Cette explosion n’aura pas duré plus de 2 minutes, un temps d’enfer très long pour les humains proches de cet événement.

Quels étaient les indices précurseurs ? Était-ce bien sage d’aller se promener au bord du lac de cratère, dans la gueule du volcan actif ?  Ce stratovolcan entre en éruption explosive toutes les quelques années. Dans les semaines, les mois précédant l’éruption dite phréatomagmatique ou hydrothermale, une augmentation de la séismicité et des émissions de gaz volcaniques avait été observée. Depuis des données satellitaires ont également montré que le volcan avait déformé sa surface en se gonflant puis en se dégonflant un mois avant l’éruption.  Le volcan continue - à ces jours - son activité plus ou moins explosive.  Il ne faut surtout pas sous-estimer les éruptions volcaniques, en particulier les explosives !

Anecdote  - 70% du volcan est sous-marin, seulement 30% émergeant pour former l’île Whakaari (ou White Island).  Ce n’était pas la première catastrophe humaine sur l’île de Whakaari : onze mineurs furent tués en 1914 dans une mine de soufre ouverte à ce moment-là sur l’île.

Source des images:

https://www.geonet.org.nz/about/volcano/whiteisland
https://www.usatoday.com/story/travel/news/2019/12/14/new-zealand-volcano-eruption-what-you-need-know-safe-tourism/2637436001/
https://www.stuff.co.nz/national/118062136/why-were-people-on-white-island-volcano-when-it-erupted
https://www.rnz.co.nz/news/national/405185/whakaari-white-island-rescue-nothing-can-really-prepare-you-for-an-eruption-like-this
https://www.jennyfaraway.com/white-island-whakaari-new-zealand/