El Fuego
Guatemala
Sommet: 3 763 m au-dessus du niveau de la mer
Qu’est ce qui provoque les changements du degré d’explosions qui se produisent sur le Fuego?
Réponse courte => une des raisons serait la présence d’eau dans le magma du Fuego.
Réponse longue => voir ci-dessous.
Activité actuelle:
Le volcan Fuego est l’un des volcans particulièrement actifs au Guatemala depuis de nombreuses années. Tout récemment, au début de 2025, il montrait une activité strombolienne, avec explosions, à quelques centaines de mètres au-dessus de son cratère, de fragments de magma. Les explosions bien visibles dans la noirceur, étaient accompagnées de gaz volcaniques et de vapeur d’eau d’origine volcanique aussi. Beaucoup de ces fragments et cendres retombaient en avalanches de blocs incandescents qui dévalent alors les flancs du volcan. Les explosions se produisaient plusieurs fois par heure. Depuis le 19 janvier 2025, l’activité a légèrement diminué avec rejet de gaz et cendres mélangées dans de la vapeur d’eau mais pas ou peu de projections de fragments volcaniques.
Faits scientifiques:
Le Fuego est un volcan particulièrement surveillé depuis la dernière éruption paroxysmale qui s’est produite en juin 2018. Alors que le volcan est en éruption de manière continue depuis 1999, après une pause temporaire entre 1974 et 1999, de nouvelles explosions se sont produites en 2018. Celle du 3 juin 2018 a été particulièrement meurtrière: panaches volcaniques de gaz, vapeur d’eau, cendres volcaniques et plus gros fragments qui se sont élevés jusqu’à plus de 15 km en altitude, pour les explosions les plus puissantes. Ces explosions ont démarré brusquement et ont augmenté en intensité dans les heures qui suivaient.
Ces colonnes volcaniques, en s’élevant, se refroidissent. Elles s’effondrent alors, laissant retomber le matériel du panache, les gaz, les fragments. Cet effondrement donne des coulées pyroclastiques, véritables avalanches de fragments suspendus dans les gaz volcaniques. Ces coulées turbulentes très chaudes (jusqu’à 1000° C) forment en s’écoulant le long des pentes du volcan, un tapis de fragments et de gaz qui glissent sur un coussin de gaz volcaniques et de vapeur d’eau. La présence de cette couche très riche en gaz chaud permet à la coulée pyroclastique de descendre à des vitesses de plusieurs centaines de kilomètres par heure (jusqu’à 700 km/h), de voyager loin à des dizaines de kilomètres du sommet et de passer par-dessus tous les reliefs rencontrés. En 2018, les coulées pyroclastiques ont tué 169 personnes ; 256 ont été portées disparues. Près de 13 000 résidents ont dû fuir pour des régions plus sécuritaires.
De nombreuses recherches ont été effectuées depuis 2018, en installant de nouveaux appareils pour mesurer les tremblements de terre et les sons émis par le volcan lors d’éruptions. Des échantillons de roches volcaniques ont également été ramassés et analysés. Beaucoup de résultats ressortent de ces études scientifiques et j’y reviendrai lors de prochaines chroniques. Mais les scientifiques semblent mieux comprendre le comportement de ce volcan Fuego qui se situe sur le continent d’Amérique centrale, au-dessus d’une zone dite zone de subduction. Les magmas qui se forment quand une plaque tectonique s’enfonce sous une autre plaque, comme la plaque de Cocos dans ce cas ici, ces magmas contiennent une plus grande quantité d’eau. Ce magma plus hydraté qui se forme en profondeur à plusieurs dizaines de kilomètres sous le volcan devient plus explosif en approchant la surface. Proche de la surface sous le cratère du Fuego, le magma peut se cristalliser et former un « bouchon » sous le cratère à quelques kilomètres. Mais les gaz et l’eau plus en profondeur encore remontent sous forme de bulles d’eau qui poussent le « bouchon » et finissent par le détruire. C’est l’explosion paroxysmale alors. Pendant quelques années l’activité sera plus intense. Puis quelques années suivantes, le Fuego se calmera un peu. Ces répétitions de changement d’explosivité seraient donc en partie dues à la destruction de ce bouchon proche de la surface à quelques kilomètres en haut du conduit volcanique par les bulles de gaz et d’eau d’origine volcanique qui arrivent de plus grande profondeur, à quelques dizaines de kilomètres.
Anecdote:
Approcher le volcan Fuego peut se faire par une ascension très connue des marcheurs en haute altitude. En escaladant le voisin du Fuego, le Acatenango, il est ainsi possible d’observer l’activité du Fuego. C’est tout de même une ascension de plus de 2 000 m de dénivelé au-dessus de 3 000m. Il est donc mieux de bien se préparer. Mais l’effort en vaut la peine : une expérience saisissante que j’ai pu vivre moi-même dernièrement et juste avant l’accalmie du 19 janvier dernier.
Image: Le Fuego, 2025, Hélène Gaonac’h
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